Dans le Journal du
Département de la Corse daté du 24 juin 1830 on
peu lire : "Grâces à la paternelle sollicitude du
gouvernement du Roi, nos espérances au sujet des bateaux
à vapeur, chargés du service de la correspondance entre
le Continent français et l’île de Corse, se sont enfin réalisées.
L’un de ces bateaux, celui dénommé le Liamone est entré
dans le port d'Ajaccio le 18 de ce mois
â six heures du soir ; l’autre dénommé le Golo est arrivé à
Bastia le 20. Désormais nous recevrons donc
le courrier de Paris deux fois par semaine et presque aussitôt que
d’autres départements qui sont cependant plus rapprochés
que nous de la métropole.Il serait difficile d’exprimer
la joie que les habitants ont manifestée à l’apparition
des deux bâtiments.
Nous pouvons assurer que le 18 et le 20 juin 1830 feront
époque dans les annales de la Corse".
L’idée de relier la Corse au continent par des navires à
vapeur a été émise pour la
première fois en 1825, mais c'est seulement en 1830 que
débutent les premières liaisons régulières. Elles sont assurées par des navires à
coque en bois propulsés par des machines à vapeur d’une
puissance de deux fois vingt-cinq chevaux actionnant des
roues à aubes, tout en étant gréés de voiles auxiliaires..
Ces liaisons sont assurées par les trois vapeurs de l’armement
toulonnais GERARD et Fils, Le GOLO, le LIAMONE et le VAR
qui
mesurent chacun trente-trois mètres de long, cinq mètres de large
et jaugent cinquante tonneaux. Chaque navire dispose de
quatorze cabines et peut transporter une cinquantaine de
passagers, mais la moyenne n’est en fait que d’une douzaine
par traversée et le confort y est très relatif.
Les traversées par vent faible durent environ 26 heures
entre Toulon et Ajaccio et 30 heures entre Toulon et Bastia,
mais se prolongent souvent de 24 heures lorsque le mauvais
temps s’en mêle.
Le 18 Juin 1830 à 18 heures, le Liamone entrait dans le port d’Ajaccio
en provenance de Toulon après vingt-six heures de traversée.
Deux jours plus tard, le Golo reliait le port varois à
Bastia en trente heures.
L’arrivée des deux vapeurs eut un si grand retentissement
dans l’île que le «Journal du Département» l’évoquait en ces
termes : « Il serait difficile d’exprimer la joie que les
habitants ont manifestée à l’apparition des deux bâtiments.
Nous pouvons assurer que le 18 et le 20 Juin feront époque
dans les annales de la Corse ».
Mais ce nouveau mode de transport n'est pas bien
accueilli par tous; les marins y voient une
concurrence déloyale entre leurs voiliers et ces vapeurs
bien plus rapide. L’armement GERARD et Fils est
violemment critiqué par la presse qui avance que la sécurité
et le confort des passagers à bord de ces navires est loin
d’être à hauteur des subventions significatives allouées à
la compagnie à raison du service postal imposé par l’Etat.
Par ailleurs, le port de Marseille prend l’ascendant sur
celui de Toulon comme tête des lignes postales, non
seulement vers la Corse mais aussi vers le moyen orient.
La vapeur s’est désormais imposée et le nombre de navires
qui desservent la Corse a littéralement explosé en passant
de trois en 1841 à cent dix en 1845 et deviennent de
plus en plus confortables.
En 1843, l’armement GERARD et Fils, dont les intérêts se
concentrent sur Toulon, renonce finalement à desservir
les lignes de Corse dont le service postal sera
désormais assuré par la compagnie bastiaise VALERY.
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