Bibliographie Livre d'or ***
 

 

 

 COUTUMES ET CROYANCES CORSES

LA RELIGION (A religione)

 

Fasciné par la mort et par les mystères de l'au-delà, le Corse est naturellement religieux. Pour affronter les difficultés qui menaçaient leur existence contre les différents envahisseurs, les Corses se sont de tout temps tournés vers la religion. Leur foi s'est concrétisée au cours du XVIII ème siècle lorsqu'ils ont décidé de se placer sous la protection de la Vierge Marie et de lui dédier leur action en faveur du royaume de Corse. Le Dio vi Salvi Regina est devenu l'hymne national.

La Corse à ses martyrs et ses saints auxquels elle rend un culte particulier : Sainte Dévote, martyrisée à Lucciana, Sainte Julie, martyrisée à Nonza, Sainte Restitude dont le tombeau à Calenzana est l'objet d'un des plus fervents pèlerinages de la Corse, Sainte Catherine, vénérée à Sisco.

Comme elle a ses saints, la Corse honore des statues miraculeuses : la vierge de Calvi, Notre-Dame de la Miséricorde à Ajaccio, le christ de Muro, le christ noir de l'oratoire Saint Jean-Baptiste à Ajaccio, celui de l'église Sainte-croix à Bastia.

En Corse, il n'y a pas de village sans église et ici plus qu'ailleurs, ne dit-on pas que l'importance d'une église se mesure à la hauteur de son clocher !

Dans nos petits villages souvent dépourvus de route, la religion était intimement mêlée à la vie sociale et les fêtes religieuses furent pendant longtemps les seules fêtes des paysans.

Toutes les cérémonie religieuses, empreintes d'une étrange poésie touchaient profondément le coeur de ces paysans rudes et fiers qui venaient s'entasser dans les églises, dans la rangée opposée à celle des femmes, pour entendre la messe et se rassembler en nombre derrière la croix, pour suivre, avec ce sens du tragique et cette gravité profonde, la procession qui faisait le tour du village.

A la religion se mêlait les traditions et les superstitions que l'église a essayé de combattre sans succès : C'est le premier oeuf pondu, le jour de l'Ascension qui protège de la foudre, des tempêtes et des incendies ; c'est une plante grasse, qui clouée au mur de pierre de la maison, continue de croître...

Le culte d'autre saints peu connus, tels que Saint Amance ou Sainte Laurine, est d'origine plus énigmatique encore. Leur existence même, voilée d'ombres, se place aux confins du mythe et de la foi. C'est ainsi que dans ma région de l'Alesani en Castagniccia, chaque Saint a aussi ses vertus.

 

SAINT-ANTOINE

Sant'Antone

 

"Nunda un'andera di male

I ghjorni di tempurale

Si davanti a lu to purtone

Metti u pane di San-Antone."

 

"Sant'Antone Di mezzu Ghjennaghju

Stacca l'agnellu e face u casgiu."

 

Saint-Antoine de Padoue, est le plus célèbre des saints franciscains après saint François d'Assise. Il est mort à Padoue en 1231 à l'âge de 36 ans et a été canonisé un an après sa mort. Son culte fut souvent associé à celui de Saint Antoine Abbé. La confusion des noms entraîne souvent l'amalgame des vertus qui leurs sont attribuées.

Saint Antoine de Padoue fit de nombreux miracles parmi lesquels : le nouveau-né qui désigne son père en le nommant, la mule qui s'agenouille devant l'hostie, la jambe coupée qui se recolle, la résurrection d'un enfant que sa mère,en croyant le coucher dans son berceau, avait laissé tomber dans une chaudière d'eau bouillante.

Saint Antoine est honoré le 13 juin dans presque toute la Corse. Ce jour là, on fait bénir les petits pains qui protègeront toute l'année la maison et les troupeaux du berger dont il est le Saint patron. Les bergers dont les troupeaux sont bénis ce jour là par le clergé, donnent un ou deux petits pains à leurs bêtes qui bénéficient, elles aussi, de la sainte protection.

Selon la tradition, lorsqu'il est jeté au milieu des flemmes, ce petit pain de Saint-Antoine arrêtera l'incendie.

Saint Antoine est également le protecteur des enfants : Autrefois, , lorsque l'un d'entre eux tombait malade, on invoquait Sant'Antone pour obtenir sa guérison et s'il en réchappait, on s'engageait à lui vouer l'enfant. Sorti d'affaire, celui-ci était revêtu de l'habit de Saint Antoine et pendant trois mois, il ressemblait à un petit moine : robe marron, cordon blanc et pieds nus.

Saint-Antoine est également invoqué pour soigner les lumbagos et pour retrouver les objets égarés ou perdus en récitant U dispensoriu : "Glorieux saint Antoine, tu as exercé le divin pouvoir de retrouver ce qui était perdu. Aide-moi à retrouver la Grâce de Dieu, et rends-moi dévoué au service de Dieu et de la vertu. Fais-moi retrouver ce que j'ai perdu et montres-moi ainsi la présence de ta bonté".

 

SAINT BARTHELEMY

San Bartolomeo

 

Saint Barthélemy, l'un des 12 apôtres, est fêté le 24 août.

Après la mort du Christ, il serait parti évangéliser l'Arabie, la Mésopotamie et l'Arabie où il serait mort écorché vif sur l'ordre du roi Astyage. Bien que certaines traditions affirment qu’il fut crucifié, noyé ou décapité, Barthélemy porte la dépouille de sa propre peau parce qu’il fut aussi écorché vif. Quelquefois, il tient en main le grand couteau qui servit à ce supplice.

Dans toute la chrétienté, il fut choisi comme patron des corporations des bouchers, des tanneurs et des corroyeurs.

On l'invoque contre les maladies de peau, en particulier la rougeole (u rusettu) et la variole (u varghjolu). Les épidémies de variole sévirent en Corse jusqu'à la fin du XIXème siècle et furent l'une des causes importantes de la mortalité infantile. L'année 1879 fut à ce titre particulièrement meurtrière.

 

SAINT ALEXIS

Sant'Alesiu

 

Saint Alexis est célébré le 17 juillet. Autrefois, dans la piève d'Alesani, un imposant pèlerinage avait lieu tout en haut de la montagne, dans la petite chapelle qui existe encore aujourd'hui. Certes, le pèlerinage y est moins important de nos jours, mais on célèbre encore chaque année la mémoire de ce Saint qui fut sans doute le grand protecteur de cette piève en Castagniccia.

Fils d'un patricien romain, Alesiu ou Saint Alexis, fit voeux de chasteté et de pauvreté. Il renonça au mariage le jour de ses noces, distribua ses biens aux pauvres et parti en pèlerinage pour la Terre Sainte où il vécut comme un mendiant la plus grande partie de sa vie. Il serait mort à Edesse ; mais la légende veut aussi qu'il soit retourné chez lui et, sans se faire reconnaître de ses parents, qu'il ait vécu pendant des années sous l'escalier de la maison paternelle.

 

SAINT ROCH

San Roccu

 

Né à Montpellier en 1295, Saint Roch voua toute son existence au soulagement des pestiférés.

Contaminé par la peste, Saint Roch fut sauvé par un chien qui lécha ses plaies et lui apporta du pain. Le maître de l'animal découvrit peu après l'existence du Saint et l'emmena chez lui pour le sauver. Plus tard Saint Roch mourut en prison non reconnu des siens et pris pour un espion. Son culte se développa au XVème siècle. On représente généralement San Roccu découvrant sa jambe pour montrer le bubon de la peste qu'il à contacté, un chien à ses côtés.

San Roccu, dont la fête célébrée le 16 août fut naturellement reconnu comme protecteur de la peste. En Corse les épidémies de peste firent tant de ravages. A Bonifacio, on lui bâtit une chapelle sur les lieux ou succomba la dernière victime de cette terrible maladie en 1528.

La légende raconte qu'au sud du golfe d'Ajaccio, sept galères barbaresques chargées de pestiférés voulurent accoster mais on invoqua le Saint qui s'agenouilla au bord de la mer et d'un geste de la main pétrifia les 7 galères qui devinrent les Sette navi.

Saint Roch est également invoqué contre les épizooties. Chaque année, le jour de la fête, le curé bénit les troupeaux massés à l'entrée du village ou rassemblés sur la place de l'église.

A la sortie de la messe, chaque croyant emporte à la maison son petit pain de Saint Roch (san-ruchinu) pour le donner à manger aussi bien aux personnes qu'aux animaux malades.

 

 

 

 

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Dernière mise à jour pour cette page : 15 avril 2023