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						Aussi surprenant que cela soit, 
						l’arbousier appartient à la même famille que la bruyère. 
						Il est répandu sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, 
						mais dans son unique partie occidentale. C’est ainsi 
						qu’il peuple les sous-bois, le maquis, les terres arides 
						et rocailleuses de l’Espagne, de l’Italie, de l’Afrique 
						du Nord, du sud de la France et de la Corse. 
						Plante sacrée pour les Romains, l'arbousier était 
						symbole d'éternité à cause de son feuillage toujours 
						vert. Cardéa, déesse gardienne des portes et protectrice 
						des enfants utilisait une baguette d'arbousier pour 
						éloigner les sorcières. Selon Ovide dans «Les 
						Métamorphoses», elle pouvait ouvrir ce qui était fermé 
						et fermer ce qui était ouvert. Elle aurait offert à 
						Janus un rameau magique d'arbousier capable de 
						désensorceler et de guérir. 
						Pline l'Ancien a vanté sa grande résistance au feu.
						Dans l' Enéide, Virgile en fait référence pour décrire 
						les obsèques de Pallas « On s’empresse de tresser les 
						claies d’un brancard flexible avec des branches 
						d’arbousier et de chêne et on dresse un lit funèbre 
						ombragé de verdure.» 
						Dans le nord de l'Afrique, les Berbères plantaient des 
						arbousiers pour éloigner les démons. 
						En Italie, les patriotes l'ont adopté à cause de ses 
						couleurs : le vert du feuillage, le blanc des fleurs, le 
						rouge des fruits. On accrochait jadis une branche 
						d'arbousier garnie de 3 fruits pour attirer la chance. 
						Le jour du nouvel an, en groupe, 
						évitant par respect les maisons endeuillées,  les 
						enfants, munis parfois d'un rameau d'olivier, allaient 
						de porte en porte souhaiter la bonne année : "Bon di e 
						bon annù !". Leurs voeux étaient accompagnés en retour 
						par des étrennes (e strenne) que leur distribuait la 
						maîtresse de maison ; ce pouvait être des fruits 
						(oranges, mandarines, figues, noix), des gâteaux secs (canistrelli) 
						ou une pièce de monnaiede10 ou 20 centimes. 
						Après avoir frappé à la dernière 
						porte et après s'être assurés que personne n'avait été 
						oublié, ils se partageaient leur "récolte". 
						En Corse du Sud, les enfants faisaient leur tournée en 
						déposant sur la table de la maison visitée, une petite 
						branche d'albitru (arbousier), symbole de loyauté dont voici la légende :  
						 
						 Lorsqu'il fut vendu 
						aux Romains par Judas et 
						poursuivi par les soldats, Jésus fut caché par un 
						arbousier généreux, mais le traître scopa 
						(bruyère), n'hésita pas à dénoncer son voisin 
						l'arbousier et Jésus fut capturé. 
						Reconnaissant, Dieu bénît l'arbre 
						charitable en le couvrant de fruits, et bannît la 
						bruyère qui depuis ce temps là, fleurit sans jamais 
						donner de fruits. |