Bibliographie Livre d'or ***
 

 

 

 CHRONIQUES DU TEMPS PASSE

LES TRANSPORTS (I trasporti)

Vous pouvez écouter sur cette page un extrait de la chanson "Chjocca stafile" interprétée par Antoine CIOSI

 

 

Transports en commun à SagoneA l'époque de Pascal Paoli, les villes et villages de Corse n'étaient reliés entre eux que par des sentiers que l'on parcourait à dos d'âne ou de mulet.

Après 1769, la France entrepris le développement du réseau routier de la Corse en menant à bien des travaux sur les axes stratégiques. Sous le consulat de l'Empire, le manque de main d'oeuvre obligea les autorités à employer des déportés de Saint Domingue et de la Guadeloupe, notamment pour les travaux d'aménagement de la route de Vizzavona, dans des conditions de vie particulièrement pénibles.

Les travaux d'aménagement du principal chemin conduisant d'Ajaccio à Bastia commencés par Maillebois seront véritablement entrepris au cours de l'année 1800 par Miot de Melito.

Avant 1830, la Corse ne compte guère plus de 420 km de routes très inégalement entretenues.

A partir des années 1830 et jusqu'en 1914, la révolution technique des transports va profondément modifier le paysage économique de la Corse. Les huit routes nationales (RN193 à RN199) font leur apparition mais de nombreux ponts en bois subsistent encore.

 

Au début des années 1880, le réseau routier de l'île couvre 5287 km.

Grâce aux efforts consentis par l'État, en 1909, il ne reste que 35 communes et 310 villages dépourvues de tout chemin carrossable ; ce qui n'empêche pas  le journal Le Corsica du 15 décembre 1910 d'écrire : "Peut-on concevoir qu'au XXème siècle, il existe un département français où le transport des marchandises, des denrées de première nécessité, soit fait par charrettes et qu'une lettre mette trois jours pour parcourir 80 kilomètres !..."

Mais le circuit routier va se développer rapidement.

La traversée du village de Bocognano est achevée en 1853. A la fin du Second Empire la route impériale d'Ajaccio à Bastia est praticable sur toute sa longueur et le trafic se développe rapidement tandis qu'un service postal est mis en place dès 1868 entre les agglomérations d'Ajaccio, Bastia, Calvi, Sartène, Vico.

Un service de voitures dit "à grande vitesse" fonctionne entre Ajaccio et Bastia avec départ à 4 heures du matin. Le trajet s'effectue en 13 heures. Sur le même trajet, le voyage en diligence, moins onéreux,  dure quand à lui, 20 heures. Le transport de passagers, effectué par par des voitures hippomobiles à sept places de type tramway perdurera cependant jusqu'en 1936.

 

Mais le temps des carrioles est révolu et l'on abandonne la diligence et l'âne postal pour la voiture à piston.

Le premier véhicule, une De Dion-Bouton de 20 places emprunte pour la première fois la route carrossable reliant Ajaccio à Bastia, achevée en 1827.

Dans le même temps, les automobiles Peugeot ouvrent leur première agence à Ajaccio et le 3 novembre 1899, le premier véhicule automobile circule dans les rues de la ville ; Il faudra attendre le mois de janvier 1903 pour voir s'ouvrir une succursale à Bastia, boulevard Paoli.

Le nouveau mode de locomotion entreprend la conquête de l’île par le biais du transport postal, où s’investirent les élites locales, notamment Erasme Carrega et Fortuné Thiers, créateurs de la Société des Messageries automobiles corses en 1908.

Conséquence de la situation économique difficile de l’île, les automobiles particulières demeurent rares On en recense une seule en 1899, une demi-douzaine vers 1908, mais près d’une quarantaine probablement en 1914 ; la Corse demeurait en queue de classement tant pour le nombre de véhicules en circulation que dans le rapport au nombre d’habitants réels.

 

A compter de 1911, le premier guide Michelin pour la Corse est édité.

Le premier permis de conduire délivré dans l'Île date du 21 février 1916. Il n'était pas rare de voir des jeunes garçons de 15 ans, parfois moins, en être titulaires. En effet, la circulaire du 10 avril 1899 ne fixait aucune âge limite. Il fallut attendre le décret du 31 décembre 1922 qui fixait la limite d'âge a 18 ans pour qu'apparaisse le premier code de la route et l'intitulé "permis de conduire" appelé auparavant "certificat de capacité".

 

A la veille de la première guerre mondiale trois sociétés dominent le transport automobile postal en Corse :

La Société des Automobiles du Cap qui de Bastia desservent Morsiglia et Nonza.

La Société des Messageries Automobiles Corses qui relie la gare de Ghisonaccia à Sartène en passant par Porto-Vecchio et Bonifacio.

La Société Corse des Automobiles qui dessert Ajaccio, Sartène, Levie et Ajaccio, Vico, Sagone.

En 1921, la Compagnie PLM, créée en 1857, ouvre à Ajaccio un bureau pour son agence des Transports Automobiles de la Corse.  

A partir de 1894 la mise en service du réseau ferré apporte une véritable révolution dans les transports.

C'est à Bocognanu qu'à lieu le plus gros chantier que la Corse ait jamais connu :

Tous les habitants de la région y participent. Plusieurs centaines d'ouvriers, pour la plupart d'origine Italienne travaillent également à la construction de la voie ferrée et aux percements des tunnels dont le plus long (plus de 4 kilomètre) représente à lui seul une véritable exploit.

Le 1er décembre 1888, le tronçon Ajaccio-Bocognano est terminé et en juillet 1889 le train arrive à Vizzavona tandis que la portion du trajet Bastia-Corte est ouverte au cours de la même année.

En 1894, le chemin de fer relie désormais Ajaccio à Bastia.

La ligne Ponte-Leccia-Calvi sera achevée en 1890.

La section Porto-Vecchio-Corte sera ouverte en décembre 1894

Sur la côte orientale, l'axe Bastia-Ghisonaccia  sera achevé en 1888.

La ligne Bastia-Porto-vecchio sera terminée en 1935.

La construction de la voie ferrée reliant Porto-Vecchio à Bonifacio, arrêtée par la guerre, sera définitivement abandonnée.

Depuis 1894, on peut désormais, d'Ajaccio rejoindre Bastia par le train en moins de 8 heures, Calvi en 09 heures, Ghisonaccia en 10 heures.

Après dix ans de travaux qui ont représenté un véritable défi pour les ingénieurs de l'époque, les 230 km du parcours qui compte 38 tunnels , 14 ponts et 34 viaducs sont enfin achevés. Gustave Eiffel participa à cette grande aventure en construisant le Ponte-Vecchio (entre Vivario et Vénaco).

 

La Corse, c'est aussi une île qu'il faut relier au continent. Le 18 juin 1830, le premier bateau à vapeur Liamone accoste à Ajaccio, tandis que deux jours plus tard c'est au tour du Golo de faire escale à Bastia.

Plus tard, au cours de l'année 1900, la compagnie Fraissinet développera les transports maritimes en mettant en service cinq liaisons hebdomadaires entre la Corse et le Continent et quatre avec l'Italie. Un an plus tard a lieu la première liaison quotidienne Nice-Ile-Rousse.

À partir de 1908, la Compagnie Fraissinet utilise un matériel approprié pour l’embarquement des automobiles. Le départ et l'arrivée des navires sont le passe temps favori des badauds Ajacciens qui se pressent sur le port pour assister au déchargement des voitures transportées par le ville d'Ajaccio, le Bonaparte, le Corte II, le Sampiero Corso, le Pascal Paoli, le commandant Quéré.

Le 14 novembre 1886, un jeune Bastiais de 24 ans, Louis Capazza et son ami Alphonse Fondère franchissent la Méditerranée à bord de leur ballon "le Gabizos" en se laissant porter par les courants de Marseille au col de San Bastiano près d'Ajaccio.

Le 9 octobre 1912 à Bastia, la plage de l'Arinella est envahie par une foule venue assister à l'atterrissage d'un petit avion venu de Pise. En moins de 3 heures, l'aviateur Italien Nino Cagliani a parcouru sur son monoplane les 160 kilomètres qui séparent Pise de Bastia.

A compter du 18 novembre 1921 et trois fois par semaine, la Compagnie Aéro-Navale lance ses premiers vols commerciaux entre Antibes et Ajaccio. Les premiers hydravions assurant la liaison avec Marignane, Antibes et Tunis où de nombreux Corses se sont expatriés, amérissent dans la rade Ajaccienne.

Garés la nuit au bassin de l'Amirauté (port Charles Ornano aujourd'hui), ils viennent au petit matin s'arrimer au quai napoléon, à proximité de l'hôtel de ville pour embarquer les intrépides et fortunés voyageurs.

 

 

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Dernière mise à jour pour cette page : 01 février 2024