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		 Le 1er mars 1815, après 93 jours d'exil à l'Île d'Elbe, Napoléon débarque 
		à Golfe Juan. Le 13 mars 
		1815, il es mis Hors-la-loi  par l'ensemble des puissances 
		européennes qui participent au congrès de Vienne; ce qui n'empêchera pas
		Waterloo et la désastreuse bataille qui joncha le sol de la "morne plaine" 
		de plus de 120.000 cadavres (67.500 Français, 30.000 Prussiens et 22.800 
		Anglo-alliés). Le maréchal Blücher qui commandait l'armée prussienne 
		déclarait  que s'il avait pu faire prisonnier Napoléon, il l'aurait 
		fait fusiller. Il en avait le droit. Le soir 
		du 18 juin 1815, 
		après une fin de bataille au corps à corps, sanglante et acharnée, Napoléon, escorté de quelques officiers 
		d’état major, prend précipitamment la route de Charleroi et finalement de Paris 
		où quatre jours plus tard, il est contraint d'abdiquer pour la seconde 
		fois, face au manque de soutien politique. Le 22 
		août, il fait sa reddition sur un bâtiment de la Royal 
		Navy, Le HMS Bellerophon qui l'emmène d’abord à Plymouth puis en exil à 
		Sainte-Hélène où il restera jusqu’à sa mort en 1821.   
		D'abord 
		retiré au château de la Malmaison, puis le 11 juillet à Rochefort où il 
		a l'intention d'embarquer pour l'Amérique, Napoléon décide finalement de 
		s’en remettre aux Anglais et il leur écrit cette lettre restée célèbre : "Je 
		viens comme Thémistocle m’asseoir au foyer du peuple britannique..." Depuis 
		son retour de l'Île d'Elbe Napoléon est méconnaissable. Handicapé par son 
		embonpoint, il est obligé de se faire porter à dos d’âne par un marin 
		pour rejoindre le port et monter sur la barque qui va le mener jusqu'au 
		Bellerophon 
		au matin du 15 juillet. 
		En le voyant pour la première fois, un officier fera de lui une description physique peu 
		flatteuse : " De 
		loin, il avait l’air d’un gros oeuf et de près, c’était un moine espagnol 
		bien nourri, le teint olivâtre, pas de cou, le ventre proéminent, les 
		mains grasses, la chair flasque". Pendant 
		la traversée, l'Empereur est détendu. Il pense que les Anglais vont lui donner un château dans la 
		banlieue de Londres. Le 24 juillet au matin, le Bellérophon jette l'ancre 
		en rade de Torquay. Dès l'annonce de son arrivée des milliers de badauds 
		se précipitent sur des barques pour s'approcher du navire et tenter 
		d'apercevoir Napoléon. 
		A plusieurs reprises, visiblement satisfait, il monte sur le pont 
		pour saluer cette foule qui ne lui montre aucune hostilité, à l'inverse 
		des 
		journaux apportés à bord du navire qui publient des appréciations 
		très violentes à l'égard de celui qu'ils appellent "l'ogre corse", 
		le "fléau de l'humanité", le "vaurien sanguinaire", le "fripon à 
		diadème" et proposent de lui "faire expier ses crimes en lui 
		infligeant toutes sortes de châtiments, dont le moins cruel serait de le 
		déporter dans une île lointaine".   
		En apprenant que le  capitaine 
		Frederick Maitland vient de recevoir l'ordre d'appareiller pour Plymouth, 
		Napoléon ne peut cacher son inquiétude, tandis que 
		se confirme le bruit selon lequel le gouvernement de Londres 
		continuerait à délibérer sur le sort qui devait lui être réservé. 
		Finalement, après avoir hésité entre la pendaison et l'emprisonnement, 
		les Anglais feront le choix de la déportation. Le 
		Bellérophon appareille donc 
		pour Plymouth le 26 juillet au matin et le soir du même jour, il arrive 
		à destination. A peine a-t-il jeté l'ancre qu'il est encadré de deux 
		frégates chargées d'empêcher toute embarcation d'approcher. Après trois 
		jours d'angoisse, Napoléon apprend sans préambule que le gouvernement de 
		Londres a pris la décision de le déporter dans l'île de Sainte-Hélène 
		afin, précise-t-il, "de ne pas lui laisser la possibilité de troubler 
		à nouveau la paix de l'Europe". Il pourra se faire accompagner 
		par trois des officiers français ayant pris place à ses côtés à bord du
		Bellerophon, un chirurgien et dix domestiques. Il lui est précisé 
		que le départ aura lieu dans quelques jours car  le Bellérophon 
		ne se trouvant pas en état d'accomplir un tel voyage, les Français 
		prendront place à bord du Northumberland, navire de ligne armé 
		de 78 canons, présentement en rade de Portsmouth où il subit quelques 
		réparations et aménagements au retour d'une longue campagne aux Indes. 
		Napoléon est furieux. Le 7 août, après 
		d'interminables journées d'attente, Napoléon, suivi de ceux qui ont été désignés 
		pour le suivre dans son exil, prend place sur le canot qui se 
		dirige rapidement vers le Northumberland. Le 14 octobre à la nuit tombée, 
		après 64 jours d'une ennuyeuse traversée entrecoupée d'une brève escale devant l'île 
		de Madère, le Northumberland jette l'ancre dans la baie de 
		JamesTown (en raison des vents violents qui balaient régulièrement l'île 
		de Sainte-Hélène, les navires peuvent rarement accoster) et le lendemain, à quatre heures du soir, Napoléon 
		débarque enfin sur cette île qui a pour lui l'aspect d'un gros caillou.   
		A Sainte Hélène, 
		en attendant la remise en état de Longwood House, Napoléon va résider pendant deux mois au pavillon des Briars 
		où réside la famille Balcombe : Lucia Elizabeth, (1802-1871), Jane et leurs deux jeunes frères. 
		Lucie Elisabeth dite "Betsy" deviendra par la suite très proche de 
		Napoléon et lui donnera le diminutif de "Bony". 
		  
			
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				Betsy Balcombe |  
		  
		 Puis Napoléon s'installera définitivement à Longwood house, une villa de style colonial dont il 
		dira plus tard : "Cette villa qu’on m’a donné, mais c’est inconvenant 
		! quand on a commandé le monde, 
		c’est bien le moins qu’on reçoive un château". Dans cet exil qui 
		n’en est pas un et que l’on pourrait presque qualifier de « doré », il va reconstituer sa 
		Cour, tout en continuant à vouloir être le personnage qu’il était aux tuileries. 
		D'ailleurs, il n'est pas venu seul puisque quatre "Évangélistes" l'ont 
		accompagné : -Emmanuel 
		Auguste Dieudonné, comte de Las Cases,
		qui réussira à se faire expulser (on pense volontairement) de Sainte Hélène par les Anglais en 
		1818 afin de rentrer en France préparer son Mémorial (un récit 
		romanesque à la gloire de l'Empereur, rempli de contrevérités et 
		de mensonges). Véritable chef d'oeuvre de propagande Napoléonienne, le Mémorial sortira un an et demi après la mort de 
		Bonaparte. 
		Trois officiers accompagnent également Napoléon : - Le 
		général Charles Tristan de Montholon. Escroc notoire 
		en fuite pour échapper à ses créanciers, il compte sur les charmes de 
		son épouse Albine pour obtenir une partie de l’héritage de Napoléon qui 
		le sait parfaitement mais qui juge utile sa présence. - Le 
		général Gaspard Gourgaud (il quittera lui aussi l’île dès 
		1818). Un mauvais esprit qui ne s’entend avec personne et qui surnomme 
		Montholon  "le basset" et Las Cases  "le Jésuite". - Le maréchal Henri Gatien Bertrand, qui restera jusqu’à la 
		fin. C’est lui qui aura écrit le plus sur Napoléon. Il est 
		l'auteur des Cahiers de Sainte-Hélène, une étude 
		scrupuleuse des relations au jour le jour, des moindres mots, faits et 
		gestes de Napoléon. 1er en exil à Sainte-Hélène du 1er avril 1816 à mai 1821.
		Les Cahiers de Sainte-Hélène se composent de trois volumes publiés longtemps après 
		la mort de Bertrand. Déchiffrés et annotés par Paul Fleuriot de Langle, 
		ces cahiers paraîtront respectivement en 1949, 1951 et 1959.   Au milieu de sa petite cour, Napoléon exige qu'on l'appelle 
		"Sir" car il ne veut 
		plus être Bonaparte mais l'Empereur; d'où, en grande partie, une mésentente 
		"cordiale" et constante avec son geôlier. Hudson 
		Lowe est hanté par la peur de voir 
		Napoléon s'échapper à nouveau, tandis que Napoléon qui le soupçonne 
		toujours de vouloir attenter à sa vie, dit de lui qu'il "a le 
		crime gravé sur le visage". Hudson Lowe, dont on dit qu'il s'acquitta de cette mission avec une dureté qui, en France, 
		lui a donné une renommée peu flatteuse, est en réalité manipulé par 
		Napoléon qui va savoir transformer volontairement sa captivité en martyr. Il va 
		transformer les quelques exigences d'Hudson Lowe en tyrannie et 
		despotisme jusqu'à donner l'image d'un Prométhée attaché à son rocher. 
		Tous ceux qui liront le Mémorial seront de fait, bouleversés par les 
		conditions de captivité de l'Empereur. On 
		pourrait croire 
		que l'exil sur cette île volcanique de 122 km2 perdue au milieu de 
		l'Océan Atlantique, est une 
		chose épouvantable pour Napoléon qui clame : "les Anglais ont 
		placé sur ma tête la couronne d'épines"; mais en y regardant de 
		plus près, on constate qu'il y a pire comme captivité. Il a 30 domestiques à son service. 
		Il reçoit des Anglais 100 livres de viande, 6 poulets et d'autre 
		victuailles à profusion chaque semaine; 1200 bouteilles de vin qu'il 
		choisi lui-même et 14 bouteilles de champagne par mois. Tout cela ne 
		ressemble pas à la captivité qu'il avait imposé à Toussaint Louverture, 
		dont il disait qu'il n'était qu'un nègre, et qu'il avait fait arrêter et 
		incarcéré en isolement au fort de Joux où il mourut de faim et de froid 
		le 7 avril 1803. D'ailleurs, Gourgaud, écoeuré par cette vie, presque de débauche et d’oisiveté,
		a écrit dans son journal : "Je voudrais que nous fussions tous au cachot, l'Empereur y 
		compris, au lieu de végéter comme nous le faisons ici à boire et à 	manger". A boire 
		et à manger... pas seulement. Napoléon ne boude pas non plus les autres plaisirs de la chair. 
		Il a pris pour maîtresse Albine de Monthelon à laquelle il fera d'ailleurs un enfant (son général 
		de mari peut être content ! il sera couché sur le testament de Napoléon 
		pour la somme de 200.000 francs); mais ça ne suffit pas à Napoléon. Il lui faut aussi 
		l'épouse de Bertrand, Stéphanie, mais elle se refuse à lui. 
		Alors, vexé, furieux et haineux, il s'en prend à son médecin.  Il dira, sans-gêne à Bertrand : "Antommarchi, je 
		ne veux plus le voir ; je ne lui pardonnerai jamais d'avoir soigné une 
		femme qui a refusé d'être ma maîtresse ; d'ailleurs, c'est l'amant de 
		votre femme, elle va dans les fossés avec tous les officiers anglais".   
		 A Longwood, Napoléon revisite son passé, lisant et relisant 
		en les savourant toutes les lettres que les 
		souverains lui envoyaient du temps où il était encore Empereur et qu’il a emporté avec lui. Il 
		confie à Bertrand : "je voudrais bien tout de même être enterré comme 
		les rois, à Saint Denis". il avait rédigé lui même son 
		épitaphe : "Parti de rien et né dans la misère, Napoléon 1er est 
		arrivé à s'asseoir sur le premier trône du monde".
		Il ajoute : "J'aurai du mourir à Moscou, César alors, n'eut pas approché de ma jarretière !". 
		Peu de temps avant sa mort, il dira à Bertrand : 
		- Le 27 mars 1821 : "Je suis bien content 
		de ne pas avoir de religion, ça simplifie tout et je n'ai pas de craintes chimériques à 
		avoir" ; mais il tiendra cependant à recevoir les derniers sacrements 
		car, dit-il, "cela est bon pour la moralité publique". 
		- Le 26 avril : "Je ne connais ni femmes ni enfants, tout ce que 
		je demande , c’est qu’on me serve" [...] "et Montholon, je sais très bien pourquoi il est là 
		; il guette ma succession. Et après !. Quand on veut de l’argent de quelqu’un, on ne 
		lui donne pas de coups de bâton, on lui obéi, on rampe, c’est ce que je veux !".   Bertrand et Gourgaud, rapportent encore d'autres mots de Napoléon bien plus cruels : - A Gourgaud : "Je n’apprécie que les gens qui me sont utiles, dans la mesure 
		où ils le sont et pendant qu’ils le sont". On relève aussi dans les cahiers de Bertrand ces paroles très dures : 
		- A Talleyrand : "J’ai 300.000 hommes de rente !". - Ou encore le 27 juin 1813 à Metternich : 
		"Un homme comme moi se fout de la vie d’un million de C... !" 
		Jusqu'à la fin de sa vie, Napoléon n'exprimera jamais le moindre regret pour tout le mal 
		qu'il a causé par la perte de milliers de vies humaines. Il dira simplement : 
		"Il y a l’enclume et le marteau, j’étais du côté du marteau !».       
 A partir de 1817, Napoléon commence à avoir des vomissements 
		  et au printemps 1821, les souffrances étant devenues insupportables, 
		  sentant sa mort prochaine, il écrit son testament dans 
		  lequel on peut lire ces lignes : "Je désire que mon fils adopte pour devise celle qui fut la mienne, Tout 
		    pour le peuple Français, je désire que mes cendres reposent au milieu de 
		    ce peuple Français que j’ai tant aimé".  Le 05 mai 
		  1821, à 51 ans et 7 mois,  Napoléon meurt à 
		  17h49, victime probablement d'un cancer de l'estomac comme son père. 50 ans 
		  plus tard, le 16 mai 1871, les communards renversaient la colonne 
		  Vendôme, symbole de fausse gloire et de la 
		  violence au service du mal. Les 
		  mensonges de l'histoire deviendront vérité lorsque ce ne sera plus l’imposture qui se chargera de 
		  l'écrire- CHATEAUBRIAND.   
			
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				 | Annonce de la 
				mort de Bonaparte parue dans le Journal de Dijon & de la Côte 
				d'Or le 11 juillet 1821. |    |