Bibliographie Livre d'Or ***

 

LA CORSE OUBLIEE

PARDINA

Vous pouvez écouter sur cette page un extrait de la chanson "Mi trema l'esse" interprétée par I MUVRINI

 

PARDINA

 Photos JS.TIMOTEI

 

Département de la Haute Corse

Source située sur les communes de Tarrano

et de Valle d'Alesani

CP: 20234

Canton de CASTAGNICCIA

Latitude: 42.3360

Longitude: 09.4091

Altitude: 530 m

 

On rejoint la source ferrugineuse de Pardina par une piste praticable uniquement en 4X4 située en bordure de la D71 et à 2,200 km du hameau de Quercettu situé sur la commune de Valle d'Alesani.

La source de Pardina était connue depuis longtemps par la population de la Corse presque tout entière ; mais son exploitation n'a réellement commencé qu'en 1886 bien qu'elle ait été approuvée par l’Académie de médecine de Paris, le 5 mai 1874, et son exploitation autorisée officiellement par un arrêté du 1er juin de la même année.

La Société Molinari et Cie, qui a établi son siège à Marseille, 2, rue Beauvau, a commencé alors à la mettre à la disposition de la France.

 

La Corse ne manque pas de sources de thermalisme mal exploitées où à l'abandon. Celle de Pardina en est un triste exemple.

Selon un inventaire des eaux thermominérales de Corse dressé en 2007, on dénombre quarante-trois sources thermominérales, la plupart situées en Castagniccia.

Encore exploitée à la fin du XIXème siècle, la source de Pardina faisait concurrence aux eaux d'Orezza. Elle était moins chère, possédait de meilleures propriétés et produisait jusqu'à 100 mille bouteilles d'eau minérale. D'ailleurs, en 1892, le ministère des travaux publics, dans sa publication concernant les statistiques des sources minérales de France et d’Algérie, indique que la fréquentation de la station de Tarrano par les curistes est supérieure de celle d’Orezza (1 000 à Pardina contre 900 à Orezza).

Malgré quelques tentatives de relance restées sans suite, la source de Pardina est aujourd'hui presque oubliée, à l'abandon et totalement ruinée.

 

Dans le journal "Le Petit Bastiais" du Samedi 15 septembre 1888, M. Zannettini, maire de Valle d'Alésani et conseiller d'arrondissement, fait publier l'article suivant :

Les Eaux de Pardina

La pétition suivante a été adressée au Conseil général de la Corse par la municipalité de Valle d’Alesani.

Monsieur le Président.,

MM. les Membres du Conseil général,

Une nouvelle source d’eau minérale ferrugineuse - celle de Pardina, dans le canton de Valle d’Alesani - a fait, il y a quelques années, son apparition dans le monde médical, et, dès les premières expériences qui en ont été faites, elle a conquis une place parmi les eaux les plus renommées du continent.

L’emploi qu’en prescrivent journellement les sommités médicales de l'île ;

L’approbation de l’Académie de Médecine dans sa séance du 15 mai 1874 ;

Une médaille d’or qu’elle a obtenue à Paris en 1887 ;

Les rapports publiés par divers corps savants sur la composition chimique de cette eau, desquels il résulte qu’elle est, dans le traitement de certaines affections, préférable aux eaux d’Orezza ;

Tous ces titres ont valu à la source de Pardina, non seulement une plus large consommation dans le pays, mais encore une exportation relativement considérable sur le continent, et une grande affluence d’étrangers venant jouir sur les lieux mêmes des bienfaits de ces eaux.

Malheureusement le chemin qui conduit à Pardina est un simple sentier, très accidenté et parfois dangereux, de nature par conséquent à décourager les malades qui désireraient boire l’eau à la source.

Le Maire et le conseil municipal de la commune de Valle d’Alesani - à proximité de laquelle, quoique sur le territoire de Tarrano, jaillit cette source - constatent l’urgence d’une voie carrossable destinée à relier Pardina à la route nationale qui, traversant Valle d’Alesani, met en communication les cantons de Pietra, de Cervione et de San Nicolao avec ceux de Piedicroce, de Porta, de Morosaglia, de Manfredi, etc...

Mais les maigres ressources du budget communal ne leur permettant pas de mettre à sa charge cette dépense, si faible qu’elle soit, ils viennent vous demander de vouloir bien déclarer d’utilité publique l’ouverture de cette route et de voter les fonds nécessaires à l’exécution des travaux.

Le succès de la source de Pardina n’intéresse pas seulement le canton de Valle d’Alesani : il intéresse la Corse entière, puisque la fortune privée est un élément de la fortune publique.

C’est pourquoi, faisant appel aux lumières et au patriotisme de l'Assemblée départementale, les soussignés ne doutent pas de l’heureuse issue de leur demande.

Ils ont l’honneur d’être, Monsieur le Président et Messieurs les Membres du Conseil général, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Le Maire de Valle d’Alesani,

A.ZANNETTINI

(Suivent les signatures des Membres du Conseil municipal)

Valle d’Alesani, le 8 septembre 1888.

Dans le journal " La Défense" du 20 septembre 1888, M. Zannettini publie à nouveau un article intitulé "Les eaux de Pardina".

Notons qu'il existe déjà à cette époque un projet de voie ferrée qui doit partir de Folelli pour rejoindre la source d’Orezza. Le maire ajoute : « je crois pouvoir affirmer que dans un avenir très rapproché, en présence des succès de jour en jour mieux constatés de l’eau de Pardina, la voie ferrée qui va aboutir à Orezza prolongera ses rails jusqu’à la source de Pardina. ».

 

Dans le journal "le Stephanois" du 5 juin 1890 on peut lire : "Nous apprenons avec plaisir qu'à l'Exposition de Bordeaux, les excellentes eaux minérales de Pardina (Corse) ont obtenu une grande médaille d'or. C'est la huitième récompense de cette nature accordée depuis 2 années à l'Eau de Pardina, dans les différentes Expositions".

 

Dans le journal "Le Drapeau" (édition du 3 juillet 1891), le Docteur E .Debourgade vante les vertus de l'eau ferrugineuse de Pardina.

De cette glorieuse époque il ne nous reste plus que quelques exemplaires de capsules de bouteilles en étain et quelques étiquettes qu'une poignée d'aqualabélophiles conservent précieusement.

 

Dans le "Panthéon de l'industrie, revue hebdomadaire Internationale Illustrée des Expositions et des Concours", datée du 1er janvier 1887, on peut lire l'article suivant : " L'eau de Pardina, qui émerge sur le versant sud du mont Caldone, dont l'autre versant fournit l'eau d'Orezza, une eau ferrugineuse universellement connue et appréciée, ne fait pas double emploi avec elle et se recommande par des qualités spéciales, notamment par sa richesse exceptionnelle en acide carbonique, qui lui donne un goût piquant très agréable, en rend l'assimilation facile et lui assure de grandes qualités digestives.

Un litre d'eau de Pardina contient, en effet, 1 1. 742 d'acide carbonique, si bien qu'elle peut être consommée comme eau de table, avec le même agrément et les mêmes avantages que les meilleures eaux gazeuses, et qu'elle produit les meilleurs effet contre la dyspepsie, la gastralgie, les diverses affections des voies digestives.

Sa richesse en sels de fer paraît, à première vue, un peu inférieure à celle des eaux d'Orezza ; mais il importe de noter que, grâce à la pression exercée par l'acide carbonique, l'eau de Pardina retient intégralement en dissolution tous les sels de fer qu'elle contient, qu'elle ne laisse pas se déposer une partie de ces sels sur les parois et dans le fond de la bouteille, si bien que l'eau consommée est, en réalité, l'une des plus ferrugineuses que l'on connaisse.

L'explication que nous donnons ici de ce très remarquable phénomène par lequel l'eau de Pardina retient une quantité de fer absolument exceptionnelle n'est pas un simple avis personnel que nous formulons, elle est due à M. L'Hôte, chimiste du Conservatoire des arts et métiers de Paris, qui a étudié cette eau avec un très grand soin.

Quant à ses qualités, en dehors de celles que nous avons énumérées déjà et qui tiennent à la présence de l'acide carbonique, il en est beaucoup d'autres plus précieuses encore, qui résultent, pour la plupart, de l'action du fer, et qui paraîtront toutes naturelles à quiconque est initié au rôle immense que la physiologie moderne assigne au fer dans les fonctions organiques.

Rappelons simplement, parmi les affections qui peuvent être victorieusement combattues par l'eau de Pardina : la chlorose, l'anémie, les flueurs blanches, les palpitations, toutes les affections résultant de l'appauvrissement du sang, et en outre : les hémorragies, les hémorroïdes, les engorgements du foie el de la rate, la gravelle, le diabète, les affections de l'utérus, les fièvres paludéennes, etc., etc.

Si nous ajoutons à de si précieuses qualités ce fait que ces eaux ferrugineuses sont d'une limpidité parfaite, qu'elles se conservent parfaitement et peuvent être transportées, sans altération aucune, sous tous les climats, enfin que leur prix de vente est d'une étonnante modération, la bouteille étant livrée à 20 centimes meilleur marché que la bouteille d'eau d'Orezza, on ne pourra se dispenser de prédire à la Société qui a pris en main la vulgarisation de la nouvelle eau corse, un grand et rapide succès.

Le succès, du reste, est déjà tellement accuse que, pour répondre aux besoins croissants de la consommation, MM. Molinari et Cie ont dû établir des agences à Paris et dans toutes les grandes villes de France.

Nous nous en réjouissons sincèrement, car, à notre avis, l'eau de Pardina, approuvée par l'Académie de médecine de Paris, par délibération du 5 mai 1874, autorisée officiellement par un arrêté du 1er juin de la même année, est certainement appelée a rendre de très sérieux services à la santé publique."

 

 

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Parmi les eaux ferrugineuses bicarbonatées nous citerons en Corse les eaux d'Orezza, de Pardina, Stazzona, Caldane, Piedicroce, Porta, Moïta, Croce, Piana, etc...

L’aspect géologique très diversifié explique l’existence en Corse de nombreuses sources thermales aux caractères physiques et chimiques très variés, aux propriétés thérapeutiques puissantes.

Leurs vertus sont connues de longue date. Les vestiges les plus récents trouvés aux emplacements de ces sources ou à leur proximité témoignent de la présence romaine et attestent que ces eaux étaient utilisées à différentes époques et que leurs bienfaits étaient reconnus.

Actuellement, malgré l’intérêt incontestable de ces sources tant au plan médical que socio-économique et touristique, on ne peut que déplorer leur très faible utilisation, et parfois même leur abandon car les autorités locales ne se sentent pas réellement concernées par le thermalisme.

   

 

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En Castagniccia, la source carbo-gazeuse de Pardina, dont les vertus thérapeutiques sont supérieures à celles des eaux d’Orezza (a sorgente sottana) se trouve sur la commune de la Valle d’Alesani à 1km environ du hameau de Querceto et jaillit à une altitude de 545m à la température de 12°.

Toutes les sources de ce type, dans ce canton, présentent, en aval, des dépôts rouge de carbonate de fer; Leurs propriétés thérapeutiques sont nombreuses :

Maladies de l’appareil respiratoire, circulatoire et sanguin.

- anémie consécutive aux épistaxis, bronchite chronique, phtisie chronique sans fièvre, pleurésie, bronchrorrée, dilatation des bronches, Chlorose.

- anémie hypochrome tuberculeuse, syphilitique, parasitaire, brightique surtout albuminurique, le chlorobrightisme, anémie par spoliations sanguines (hémorragies de tous types, interventions chirurgicales), anémies des maladies infectieuses, anémie des surmenées, anémie coloniale.

Système nerveux.

Dans les névralgies des chlorotiques, des paludéens, le succès est incontestable.

Appareil digestif.

Dyspepsies, gastrites, atonie gastrique, entérite

Appareil génito-urinaire.

Aménorrhées, néphrites, diurèse.

 

Un arrêté ministériel du 1er juin 1874 a permis l'exportation des eaux de Pardina jusqu'en indochine.

Dans le Bulletin de l'académie de médecine (séance du 06 janviers 1874), on lit: "Le sieur Garelli, vice-consul de France à Alexandrette, a formé une demande tendant à obtenir l'autorisation d'exploiter, pour l'usage de la boisson, une source d'eau minérale dite de Pardina, qu'il possède dans la commune de Tarrano (Corse).

La source ayant cessé de fonctionner, l'autorisation d'exploiter a été annulée en 1957.

En 1969, une nouvelle demande d'exploitation a été déposée mais n'a jamais aboutit.

Une SCS (Société en Commandite Simple) ayant pour dénomination "Les eaux de Pardina" a été créée le 09 janvier 2002 mais elle reste à ce jour sans activité.

(Source d’eau minérale Pardina de M. Garelli à Tarrano. 17 p. dont 1 rapport . 1873 – 1874. Demande d'autorisation d'exploitation sans suite).

 

L'aménagement d'une simple fontaine ainsi que la sécurisation du site et la protection des ruines permettraient dans un premier temps, de sauver de l'oubli ce patrimoine, témoin de la mémoire de notre pays et fierté des habitants de la vallée d'Alesani.

L'intérêt patrimonial des eaux de Pardina ainsi que sa valorisation passent par une remise en état du site qui n'est plus aujourd'hui qu'un parc à bestiaux où les cochons poursuivent leur inlassable travail de destruction.

 

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La pandémie mondiale de 1889/1890 et l'eau minérale Corse.

En 1889 et 1890 alors qu’une pandémie mondiale voisine du Covid d’aujourd’hui décimait la planète, une eau de source minérale corse était préconisée par la presse pour prévenir la maladie.

Cette pandémie s'étendait sur la planète faisant un million de morts dans le monde dont 250 00 en Europe.

Elle était appelée grippe de Saint-Pétersbourg, grippe asiatique ou influenza.

 

Certains Chercheurs pensent que la maladie a été due à un coronavirus qui aurait muté de l'espèce bovine à l'homme.

Elle sévissait principalement dans les grandes villes, dont celle Paris qui paya un lourd tribut à la maladie.

A la fin du mois de décembre 1889 180 000 personnes étaient touchées simultanément par la maladie dans la capitale.

Au plus fort de la crise on dénombrait 400 à 500 décès chaque jour dans la capitale.

Le virus était seulement combattu avec de la quinine et diverses et diverses autres médications plus ou moins fantaisistes.

 

L'eau de Pardina.

Le journal Gil Blas, quotidien de l'époque, dans son édition du 29 mai 1890, conseillait à ses lecteurs de boire, pour ceux qui le pouvaient, de l'eau minérale Corse de la source de Pardina pour éviter les maladies.

« S'il est une question qui intéresse au plus haut degré la santé publique, une question sur laquelle tous les hygiénistes se sont mis d'accord depuis longtemps, c'est sans contredit Celle du choix de l’eau potable.

Il ne se passe pas de jour sans que nos savants les plus distingués, proclament la nécessité absolue de surveiller les Eaux destinées à la Boisson pour prévenir les épidémies de toute nature, qui s'abattent sur les grandes villes.

Nos praticiens les plus autorisés, tels que les Pasteur, Proust, Dujardin-Beaumetz, etc., nos Académies et Facultés ne cessent de proclamer l'usage de l’eau de Source pure, non seulement pendant l'épidémie, mais en tout temps..[…]

[…] Un avis de l'administration informe la population parisienne que l'Eau de Source faisant défaut, elle sera remplacée de telle à telle date par l'Eau de Seine.

Inutile de dire ici ce que c'est que l'Eau de Seine, nos lecteurs la connaissant malheureusement trop.

Les personnes tant soit peu aisées peuvent se soustraire à tous ces inconvénients, en ayant recours aux Eaux minérales naturelles, parmi lesquelles nous recommandons l'eau de Pardina Corse comme étant le type le plus parfait des eaux de table reconstituantes.

Sa pureté, sa légèreté sur l'estomac, ses effets stimulants la rendent indispensable pendant la saison chaude, et nous n'hésitons pas à en prescrire l'emploi à tous ceux qui ont les moyens d'en faire usage. »

 

 

 

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Dernière mise à jour pour cette page : 04 mars 2024