
La source de Caldaniccia est située au
confluent de la plaine alluviale de la Gravona et de
Cavallu Mortu, à un peu
moins de 9 kilomètres d'Ajaccio par la route, et à 50 mètres
de la première station du chemin de fer d'Ajaccio à Bastia. Elle sort du granite granulitisant qui constitue le mamelon
du Monte Sant'Angelo et est plus chargée en sulfure
de sodium que les eaux de Guagno ou de Pietrapola.
L'autorisation d'exploitation est
délivré le 02 décembre 1832 et un arrêté préfectoral du 16
mai 1839 entraînait la concession de la source thermale et
du domaine qui l'entoure.
Une analyse effectuée en 1836 rapporte
que la thermalité de cette eau sulfureuse sodique varie de
25° à 40° centigrades avec une température moyenne de 34,4
degrés. Les eaux émergent de cinq sources dont le débit est de
20.000 litres par 24 heures et de 14 litres par minute.
C'est une eau limpide, incolore, inodore, d'un goût
légèrement amer et salé. Elle est relativement
peu utilisée, malgré sa proximité d'Ajaccio, la malaria
rendant inhabitable la plaine du Campo dell'Oro de juin à
octobre.
L'établissement de Caldaniccia est d'ailleurs
assez primitif ; il est composé de 20 cabines avec des
baignoires en zinc dont 4 cabines à deux baignoires.
Les indications thérapeutiques des
eaux de Caldaniccia sont les suivantes:
1° Les rhinites chez les scrofuleux, les pharyngites et les
angines chroniques.
2° Les laryngites chroniques à forme torpide, les laryngites
granuleuses, le catarrhe bronchique, la tuberculose
chronique sans hémoptysies.
30 La dyspepsie nervo-motrice, la dyspepsie atonique.
40 Le rhumatisme léger chez les sujets nerveux, excitables,
la goutte atonique.
5° Le catarrhe vésical chronique, les engorgements de la
prostate, la blennorragie chronique.
60 Les dermatoses simples, l'eczéma chronique.
7° Les métrites chez les femmes lymphatiques ou à
tempérament nerveux, les périmétrites, la métrite du col, la
dysménorrhée avec état névropathique.
8° Les états scrofulo-lymphatiques, les enfants lymphatiques
avec végétations adénoïdes.
La caractéristique de ces eaux thermales est
toujours la suivante : situées à quelques kilomètres d’Ajaccio, à moins
d'une demi-heure d’auto ou de chemin de fer du chef-lieu du département,
il n'y a peut-être pas de source thermale moins fréquentée que
Caldaniccia. De ce point de vue qui avait fait naître tant d'espoirs,
l'échec de la station, seulement fréquentée par quelques douzaines
d'Ajacciens en été, a été complet.
On peut dire qu'il s'explique, si paradoxal que
cela paraisse, du fait même de la proximité de la ville. L'époque venue
des saisons balnéaires, les gens recherchent en même temps le bain
thermal propice au traitement des rhumatismes et la cure de repos et de
montagne. A cette catégorie d'usagers, Caldaniccia, donc, ne convient
pas car elle est trop près de la ville, et en plaine.
Et pourtant, cette proximité reste un élément
d'exploitation, car il existe pour Caldaniccia une clientèle en
puissance, qui est celle des gens qui n'ont pas ou les moyens ou le
temps de s'absenter complètement durant la durée normale d'une saison
thermale, A cette clientèle, qui sentirait avant tout le besoin des
bains d'un point de vue strictement thérapeutique, Caldaniccia doit
pouvoir offrir certaines commodités.
Elle ne les a pas par le chemin de fer puisque le
dernier train du soir – le direct Bastia-Ajaccio - ne s'arrête pas à Caldaniccia ; il faut donc que les usagers qui y vont par les trains du
matin retournent à Ajaccio aux chaudes heures de la canicule, par celui
de 2 h. 30. Cet inconvénient signalé, il y a celui de l'état un peu
vétuste des bains et de l'ennui profond de pleines heures à passer dans
la brousse desséchée de Caldaniccia.
Si l'on voulait tenter un effort pour donner aux
eaux thermales de Caldaniccia l'essor qu'elles méritent, nous y
contribuerions volontiers en attirant l’attention du public sur ses
caractéristiques diverses.
Ces eaux sont de connaissance récente, par
rapport, à celles de Guitera, de Guagno, de Pietrapola, de Puzzichello,
d'Orezza, et même d'Urbalacone, de Caldane et de Baraci. C'est par hasard qu'elles furent découvertes en
1831, sur la partie du territoire de la commune de Sarrola-Carcopino qui
confine à celui d'Ajaccio, au pied d'un mamelon, à quelques mètres de la
Gravona.
En 1839. M. Venderhaze, un industriel continental en demanda au
propriétaire, qui était le département, la concession. Le conseil
général la lui accorda avec un périmètre de protection et dès le 11 de
décembre les sources étaient déclarées d'utilité publique.
Le concessionnaire s'était
obligé aux termes du contrat, à capter les eaux, à édifier un bâtiment thermal et à y adjoindre
un vaste hôtel suivant un plan préparé par l'architecte départemental,
et comprenant chambres de repos pour les baigneurs, salon de lecture et
de conversation, salle de billard, restaurant, promenades ombragées,
jardins avec tonnelles... Comme on le voit, le plan prévoyait toutes les
commodités, notamment pour un séjour diurne, destiné aux Ajacciens qui
seraient rentrés coucher en ville.
Mais les dépenses qu'il avait faites ne
correspondant pas aux résultats qu'il en avait espéré, ce
concessionnaire ne poussa pas son programme plus
loin que la première partie. On voit encore le pavillon en rotonde qu'il
construisit pour emprisonner la source, les cabines et
même l'hôtel qu'il édifia sur la petite colline.
En 1850,
il cédait ses droits à un certain M. Rivalz, de Marseille, lequel les
céda à son tour à Dominique Forcioli .
En 1951, les droits étaient détenus par Mme
Gabrielle Gregory demeurant à Nice.
Or, presque dans le même temps, une station
continentale possédant les mêmes caractéristiques que Caldaniccia
s'organisait : Eaux-Bonnes, dans les Basses-Pyrénées, un insignifiant
village perdu dans la montagne, lançait ses eaux, et l'on sait ce que
celle station est devenue : une des plus riches de France. Eaux-Bonnes
avait l'avantage de sa situation continentale, sans doute ; mais, toutes
proportions gardées, Caldaniccia, à quelques kilomètres d'Ajaccio, eût
pu avoir un meilleur sort, si la clientèle n'avait pas été effrayée par
la crainte du paludisme.
Laissés
à l'abandon depuis les années 1970, la gare, les captages et les
bâtiments de la station thermale sont en ruine. Cependant, aujourd'hui,
la perspective d'un développement du thermalisme en Corse est réaliste
et cette source, par son emplacement privilégié, près d'Ajaccio, devrait
avoir les plus grandes chances de réussite.
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